Hemeryck Godart Stables Support the horse with enthusiasm to the top level

INTERVIEW

Interview published in PUISSANCE magazine

 

 


 

Interview by Julien Counet for Stud for life published in 2012

Rik Hemeryck : le rêve d’un travailleur

Après une année 2011 difficile, Rik Hemeryck commence 2012 sur les chapeaux de roues et se qualifie pour sa première finale de Coupe du monde en ayant disputé seulement quatre manches qualificatives, un véritable exploit. Il nous accueille chez lui pour un reportage en cinq volets, qui débute aujourd’hui !

Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?

« Je suis né tout à fait dedans. Mon père était dans les chevaux et ma vie a toujours été dans les chevaux, je n’ai jamais vu quelque chose d’autre. J’ai joué un peu au football quand j’étais jeune mais ça a duré 3-4 ans. Quand je me levais le matin, je voyais un cheval et lorsque je me couchais, je voyais un cheval … donc j’ai toujours été en contact avec les chevaux. »

Est-ce qu’on vous a poussé vers la compétition ou est-ce que vos parents ont été très réservés par rapport à cela ?

« Non pas du tout. Quand j’ai voulu joué au football, j’ai joué au football … puis petit à petit, il y avait un poney alors je me suis mis sur le poney. Ca commençait à venir, je montais bien … et mon père m’a envoyé faire un stage chez un cavalier de dressage, Jacques – Henry Ménard et là, je suis tombé amoureux d’un cheval que mon père m’a acheté. C’était un cheval qui faisait même du complet et avec qui j’ai fait mes années juniors jusqu’à 1m25-1m30.

Ensuite lorsque j’ai voulu avoir un autre cheval, mon père me répondait qu’il y avait des chevaux en prairie et que je n’avais qu’à m’en occuper. J’ai donc monté plein de jeunes chevaux que je débutais à 4 ans et que je faisais évoluer. Je pense que cela a été une expérience formidable pour moi. J’ai même participé aux championnats d’Europe junior avec un 6 ans. Mon père n’avait pas les moyens d’acheter un cheval tout mis, tout fait … à cette époque là, c’était en 1985, il n’y avait pas tant de concours internationaux partout comme aujourd’hui. »

Quand avez-vous décidé d’en faire votre métier ?

« Je devais avoir 20 ans. J’avais arrêté mes études deux ans auparavant, j’ai dû faire mon service militaire et après cela, avec mon père, nous avons décidé que ce serait une bonne chose que j’aille voir un peu ce qui se faisait à l’étranger. Comme j’étais jeune, c’était vraiment le moment idéal. Je suis parti six mois en Angleterre où j’ai travaillé pour Peter Charles ce qui représentait déjà une très bonne expérience, puis je suis ensuite revenu avant de partir deux ans chez Albert Voorn et je pense que là-bas, j’ai vraiment beaucoup appris. Que ce soit au niveau de la discipline, de la manière dont on doit travailler les chevaux durant la journée, du management de l’écurie… Là-bas, j’ai vraiment tout appris. Après je suis parti en Allemagne où j’ai travaillé durant deux ans et demi chez Hans Gunter Winkler. Avec tout ce bagage derrière moi, je suis revenu en Belgique après avoir passé cinq-six ans à l’étranger. J’ai tout de suite eu des gens qui ont accepté de me confier des chevaux et je suis de suite bien parti. »

Quand vous décidez d’en faire une profession, vos parents vous ont-ils encouragé ou ont-ils été plutôt réticents face à cette décision ?

« Non, pas du tout. Ils voyaient que j’étais un grand travailleur et ça, ça l’est toujours aujourd’hui. J’adorais les chevaux et mes parents étaient eux-mêmes dans le milieu… donc le matin, on parle chevaux ; à midi, on parle chevaux et le soir, on parle chevaux … C’était un grand plaisir que je m’y mette aussi et je pense que tout père est heureux lorsqu’un de ses fils continue son affaire finalement. Ils étaient donc très enthousiastes. »

Pourtant, on a l’impression que, tout en continuant à travailler dans les chevaux, vous avez pris une tout autre voie que celle de votre père qui était plus dans l’étalonnage alors que vous avez privilégié le sport…

« Oui, c’est vrai. D’une part, j’étais jeune, j’ai de suite monté en compétition et je suis quelqu’un qui a toujours aimé ça. Avec le recul, je ne dis pas qu’un jour je ne ferai pas d’élevage, mais tant que je peux privilégier la compétition, je le ferai. Quand mon père s’occupait de l’élevage et avait des étalons, nous devions faire des épreuves spéciales. Au BWP, il y avait un jour de cross, un jour d’obstacle, un jour de dressage … et pour lui, c’était aussi plus facile que son fils puisse le faire, comme c’était plus facile d’avoir un cavalier continuellement aux écuries. Ca lui permettait de ne s’occuper que de l’élevage alors que moi, je m’occupais plus des chevaux de sport puis comme j’étais compétitif et que j’adorais la compétition, je suis plus parti vers cette branche. »

Aujourd’hui, malgré Papillon Z dans votre piquet et même si cela va peut-être un peu changer avec Erco van’t Roosakker , vous n’avez pas vraiment d’étalon qui font la monte chez vous. C’est un peu un paradoxe par rapport à vos débuts ?

« Non. La période de mon père était très différente. A cette époque, chaque éleveur allait avec sa jument à l’étalon de la région. Maintenant, cela fait dix – douze ans que cela a fortement évolué. La plupart des gens aujourd’hui regardent la télévision et appellent le lendemain leur vétérinaire en lui demandant la semence de l’étalon qu’ils ont vu. C’est beaucoup plus difficile aujourd’hui, il faut avoir vraiment un très bon étalon qui soit sportivement très performant pour pouvoir dire qu’on est étalonnier. Pour le moment, je n’ai pas ça alors je continue dans le sport. »

Quand on observe votre jeune carrière: dans un premier temps, tout vous a réussi rapidement, vous aviez trouvé de très bons chevaux pour intégrer l’équipe première pour finir réserviste aux championnats d’Europe … puis après, il y a un trou.

« En fait, lors de cette belle période, je travaillais pour le haras de Laubry. J’ai travaillé durant 3 ans comme indépendant puis j’ai eu une proposition au haras de Laubry que j’ai acceptée. J’avais vraiment de très bons chevaux et j’ai été aux championnats d’Europe de Saint Gall après une saison où j’ai fait tous les plus beaux concours comme Rome, La Baule, Saint Gall … mais le problème, c’est que tous les chevaux ont été vendus. La dernière, c’était Nikita de Laubry qui a été vendue en Espagne. J’ai alors décidé de me remettre en tant qu’indépendant … mais à cette période là, je ne recevais pas de chevaux !

J’ai donc travaillé durant deux ans pour Stephan Conter où je m’occupais de chercher des chevaux pour lui et je me suis vraiment retiré de la compétition durant 2-3 ans où je n’avais plus que quelques chevaux à moi. Puis j’ai repris et je pensais que cela repartirait facilement, mais ça a été très dur. Les tout bons chevaux ne viennent pas comme ça et j’ai commencé avec de très jeunes chevaux dont Quarco qui prenait 4 ans. »

Quand on voit que Narcotique IV de Muze, Tekila D … sont également passés par chez vous, leur départ était-il nécessaire pour le commerce ?

« Le cas de Narcotique IV, oui, c’était nécessaire pour le commerce. Je dois vivre, je dois gagner ma vie d’autant que j’ai emprunté lorsque j’ai racheté le domaine à mon père etc… Ensuite, il y a des chevaux comme Tekila où c’est une histoire différente. Elle était blessée, nous ne savions pas vraiment si elle pourrait revenir dans le sport. Le propriétaire pensait la remettre à l’élevage … puis finalement, après qu’elle soit rentrée chez son propriétaire, Pieter Devos a proposé de l’emmener chez son vétérinaire, ils ont trouvé que ce n’était pas si grave que ça et ils ont pu proposer un arrangement financier au propriétaire, chose que je n’aurais pas pu faire… c’est donc un ensemble de choses qui prévaut pour chaque cheval.

Narcotique IV de Muze a ensuite évolué en Grand Prix avec Ludo Philippaerts

Avec le recul, c’est avant tout un plaisir pour moi d’avoir pu monter ces chevaux là. C’est gai d’avoir pu monter Tekila puis de voir ce qu’elle a fait aujourd’hui. Il ne faut pas non plus oublier qu’à cette époque, c’était plus difficile pour moi d’obtenir des sélections. J’ai monté le Grand Prix de Liège où je fais 4 points … puis lorsque j’ai demandé à monter Malines, on m’a dit « Ah, non, tu ne peux pas ». Je n’étais pas trop reconnu. Je voulais monter et faire des autres concours mais je ne pouvais pas. Après la jument est partie et s’est quand même classée 3 ème dans la Coupe du monde de Malines… alors oui, c’était agréable de les voir sauter au haut niveau avec quelqu’un d’autre. »

Pour vous, le retour au haut niveau, c’était quand même une nécessité à un moment donné ?

« Non, non, pas du tout ! J’avais fait du haut niveau et je savais que c’était vraiment difficile car il fallait avoir de très bons chevaux vraiment compétitifs. Puis ça s’est fait petit à petit, j’ai refait des deux étoiles, ça s’est très bien passé et j’ai gagné plusieurs Grands Prix comme Strazeele, Verquigneul, puis quelqu’un m’a demandé pourquoi je ne monterais pas à Bruxelles et lorsque j’ai dit que je ne pouvais pas y monter, les gens m’ont répondu qu’ils me paieraient une table, qu’il n’y avait pas de soucis … puis j’y ai gagné la voiture, le deux étoiles et cela a représenté un nouveau départ. J’ai pu monter le trois étoiles à Malines mais je me suis qualifié pour monter le Grand Prix du cinq étoiles et là, ça a vraiment été le déclic. Petit à petit, j’ai fait Lummen le quatre étoiles, je suis sans faute dans le Grand Prix, je peux aller à Rome … puis évidemment, c’est toujours un rêve pour tout cavalier de pouvoir monter une Super League alors j’ai dit oui volontiers … mais je pense que tout cela a été une année trop tôt pour Quarco. A ce moment là, il avait peut-être encore besoin de tourner une année dans les trois et quatre étoiles et ça a peut-être été l’année un poil trop tôt. »

Avec le recul, n’est-ce pas frustrant de constater qu’après avoir vu de nombreuses barrières se dresser sur votre chemin, il faut parfois savoir dire non quand elles s’ouvrent enfin ?

« Oui, mais c’est le sport aussi. Quand tout d’un coup, il y a une bonne paire qui se met en route : tout le monde veut les voir au haut niveau. Avec le recul, oui, c’est une expérience que j’ai faite et que je ne rééditerai pas avec un jeune cheval comme Erco van’t Roosakker que j’ai actuellement. C’est une expérience et maintenant, je vais peut-être le vivre différemment. »

Comment avez-vous rencontré Quarco ?

« En fait, Quarco appartient à Suzanne Gagliani, qui est une dame vraiment très charmante qui habite juste derrière chez moi. Elle était venue chez mon père pour savoir quel étalon elle devait mettre sur sa jument et il lui avait conseillé Darco, ce qu’elle a fait. Lorsque le produit a eu 4 ans, il était toujours étalon et elle ne s’en sortait pas trop, elle m’a donc demandé de le monter. Tout de suite, il y a eu un très bon feeling entre lui et moi. Il a gagné le cycle classique en ne faisant que des sans faute, il a gagné le championnat de Belgique des 4 ans à Gesves … et après nous avons pris la décision de le castrer parce qu’il était beaucoup trop chaud. J’avais une très bonne génération de chevaux cette année-là avec l’étalon Quel Hero de Muze et son frère, Querlyster Hero avec qui j’ai remporté le cycle des 5 ans.

Querlyster Hero

En fait, la réussite de Quarco, c’est avant tout une grande histoire de complicité entre sa propriétaire et moi. Je dois dire que c’est sans doute aussi grâce à elle si aujourd’hui, il est au haut niveau car elle fait tout pour son cheval. Lorsque je suis au concours avec d’autres chevaux, c’est elle qui vient le sortir le dimanche en promenade. Actuellement, il sort deux fois par jour. Je le monte le matin et elle l’emmène en promenade l’après-midi en allant marcher une heure dans la forêt. C’est aussi elle qui l’emmène désormais toutes les six semaines à l’université de Liège pour son ferrage… Même en tant que jeune cheval, il a toujours été là. Champion de Belgique à 4 ans, finaliste du championnat de Belgique des 7 ans à Lummen… »

Le fait de l’avoir castré tard a-t-il été perturbant ?

« Non, pas du tout, c’est juste le fait qu’il était chaud à 4 ans et qu’il était beaucoup trop difficile : on ne pouvait pas le mettre au paddock, il était difficile à transporter, il n’avait pas vraiment le modèle étalon… on ne s’est donc pas posé deux fois la question. »

Quand on voit que c’est un jeune cheval de 4 ans qui vous a ramené vers le haut niveau, est-ce que ce serait encore possible pour vous d’accueillir des 4 ans dans vos écuries avec votre planning de concours ?

« Oui, tout à fait ! J’ai actuellement deux 4 ans, un 5 ans … Evidemment, ils font un peu moins de concours car je suis souvent parti à l’étranger mais n’importe quel cavalier est toujours content de recevoir un tout bon jeune cheval dans ses écuries et je veux vraiment faire attention à continuer cela. »

Difficile de faire cette interview sans revenir aussi sur les points noirs de ces deux dernières saisons, avec les quelques stops que vous avez subi autant avec Quarco que Challenge. Comment avez-vous vécu cela ? Ca a dû être terrible d’avoir ses deux chevaux de tête qui s’arrêtent et de subir la pression qui a suivi ?

« Oui. Tout d’abord, il y a eu Quarco qui avait neuf ans. C’est un cheval qui est très très respectueux, très attentif à tout ce qui est autour … et c’était sans doute une année trop tôt de me lancer à Rome, Rotterdam … et évidemment, j’avais de la pression car il fallait que le cheval saute bien. Tout le monde me dit que je me suis mis la pression mais ça, je ne le pense pas. C’est sûr que j’ai voulu faire les choses vraiment convenablement. Avec le recul, je pense qu’il aurait dû attendre un an pour faire la plus haute compétition.

Quarco de Kerembars

En fait, j’ai surtout eu une très grosse désillusion à Aix la Chapelle cette année-ci parce que j’avais Challenge que j’avais vraiment amené avec un programme de concours. Il avait eu trois mois de repos, j’avais vraiment choisi tous les concours qu’il fallait faire et puis je me rappelle, nous étions à Saint Gall et Philippe Guerdat m’a dit : « Tu peux aller à Aix-la-Chapelle, mais tu es sûr qu’il faut que tu y ailles car c’est peut-être un peu trop tôt pour le cheval … Tu peux peut-être aller à Falsterbo… ? » Mais bon, je n’étais jamais allé à Aix la Chapelle de ma vie, il avait sauté super à Saint Gall et je me suis dit que ce ne serait sans doute pas plus haut… C’était, je le répète, un cheval très respectueux et de nouveau, c’était peut-être juste un an trop tôt !

A neuf ans, aller à Aix la Chapelle, c’est exceptionnel, puis avec le recul, je n’ai sauté qu’une épreuve avant la Coupe des Nations où nous avons eu une météo horrible avec une pluie terrible. Cette coupe des nations ne s’est pas bien passée et évidemment, tout le monde regarde les résultats. On regarde un peu moins les résultats sur les Grands Prix mais les coupes des nations sont beaucoup plus médiatisées et dès que je fais une petite erreur, on dit : « oui, c’est Rik qui ne tient pas la pression. » On prend un exemple, à Malines, Ludo Philippaerts fait un refus avec Challenge et on peut lui dire aussi que c’est la pression … mais non, il a juste fait une erreur et cela peut arriver à n’importe qui mais on n’en parle plus car ce n’est pas une Coupe des Nations. Si moi, j’avais fait ça, on aurait dit « Oui, Rik est trop nerveux.. » etc mais je ne pense pas du tout. Il n’y a eu que quelques fois où les coupes des nations n’ont pas tourné comme je voulais. Je regrette avec Challenge l’an dernier car Challenge avait sauté la Coupe des nations de Calgary, il fait 4 points, je vais à Lummen, il fait 4 points, à Saint Gall, il fait 4+4 et en quatre coupes des nations, il y en a une où ça va moins bien et on me dit tout de suite que je ne tiens pas la pression malgré une fois encore le fait que lors de cette même coupe des nations, Jos Lansink n’a pas du tout été mais lui, on le reprend deux semaines plus tard au concours. »

Par rapport à la fin de saison dernière où ça allait un peu moins bien, qu’est-ce que vous avez changé ?

« Evidemment, on cherche toujours des petites choses. Je trouvais que sa ferrure était une taille trop petite donc on a changé totalement ça. Maintenant, cela fait près de trois mois que je travaille avec un cavalier de dressage qui s’occupe aussi de Vigo d’Arsouilles. Je le travaille tout à fait différemment sur le plat et il y a peut être aussi toutes les petites choses que l’on a changé. Aujourd’hui, il sort deux fois par jour ce que l’on ne faisait pas avant. Au concours, on a un peu changé les guêtres derrière, je le monte tout à fait différemment au paddock … oui, évidemment, je cherche toujours à m’améliorer. Ce n’est pas parce que le cheval a 12 ans qu’on ne peut plus rien lui apprendre. On cherche les défauts, ce qu’on peut lui apporter … c’est peut-être toutes ces petites choses là qui font qu’aujourd’hui, ça va très bien. »

Justement, à Aix, on a un peu l’impression que l’éclair est tombé sur vous et que vous avez été foudroyé sur place ?

« Oui, c’est un peu aussi l’image que j’ai et j’espère vraiment avoir une possibilité dans l’avenir de prouver que ce n’est pas du tout comme ça. »

Pour cela, est-ce que vous pensez que Quarco pourra encore recevoir sa chance en équipe ou faudra-t-il attendre Erco ?

« J’espère vraiment que Quarco recevra sa chance car il est vraiment en grande forme actuellement. Fin de l’année dernière, il n’était pas dans une bonne passe que ce soit à Calgary ou au championnat de Belgique. Je n’ai aucune preuve scientifique mais le cheval n’était juste pas en forme. A Lyon, ce n’était pas une coupe des nations, on n’en parle pas, mais le cheval n’était pas en forme. Il doit se qualifier pour la coupe du monde et il fait trois fautes ! Ce n’est pas Quarco qui fait trois fautes ! C’est un cheval respectueux avec tout … mais il n’était pas en forme. Actuellement, il est par contre dans une bonne période. Il a aligné une série de Grands Prix en faisant maximum 4 points. Lors du 5 étoiles de La Corogne, il faut 4 points, à Malines, il est sans faute, A Leipzig, il fait 4 points, à Bordeaux il est sans faute, à Göteborg, il était très bien jusqu’à la dernière ligne où il fait 4 points comme à Paris.

Aujourd’hui, je mise vraiment tout sur la finale de ‘’s-Hertogenbosch et j’espère prouver que Quarco mérite d’avoir une place là-bas et si ça se passe bien, j’aimerais, après lui avoir accordé quelques semaines de repos bien méritées, pouvoir recevoir ma chance car au niveau qu’il est et vu la forme qu’il a actuellement, je trouve qu’il mérite sa chance dans l’équipe et je pense qu’on va me la donner. »

Par rapport à la fin de saison dernière où ça allait un peu moins bien, qu’est-ce que vous avez changé ?

« Evidemment, on cherche toujours des petites choses. Je trouvais que sa ferrure était une taille trop petite donc on a changé totalement ça. Maintenant, cela fait près de trois mois que je travaille avec un cavalier de dressage qui s’occupe aussi de Vigo d’Arsouilles. Je le travaille tout à fait différemment sur le plat et il y a peut être aussi toutes les petites choses que l’on a changé. Aujourd’hui, il sort deux fois par jour ce que l’on ne faisait pas avant. Au concours, on a un peu changé les guêtres derrière, je le monte tout à fait différemment au paddock … oui, évidemment, je cherche toujours à m’améliorer. Ce n’est pas parce que le cheval a 12 ans qu’on ne peut plus rien lui apprendre. On cherche les défauts, ce qu’on peut lui apporter, c’est peut-être toutes ces petites choses là qui font qu’aujourd’hui, ça va très bien. »

A Malines, vous aviez de nouveau énormément de pression sur les épaules avec de nombreux cavaliers qui tournaient autour de Quarco… Votre performance a eu le mérite de remettre les choses bien au clair ?

« Je pense que la pression est là tous les jours. Il faut aussi être bien conscient que Quarco est un hongre de 12 ans qui appartient à une charmante dame qui le considère comme son enfant … mais il a une très grande valeur donc il se peut qu’un jour, il soit vendu, mais ça, c’est la vie. Pour en revenir au Coupe des nations, je pense que lorsque je vais monter un Grand Prix à Malines, Göteborg, Paris … , j’ai aussi énormément de pression et je ne vois pas pourquoi je devrais avoir plus ou moins de pression parce que c’est une coupe des nations … mais lorsque ça va un peu moins à Göteborg, on n’en parle pas.

Je suis aussi un cavalier qui n’a pas tous les talents… je ne suis pas Gregory Wathelet qui est quand même un cavalier avec beaucoup de talent et que j’apprécie très fort. J’ai quand même travaillé chez Albert Voorn qui me disait lui-même qu’il n’avait pas de talent mais je pense que c’est vraiment à force de travailler tous les jours, sans relâche, que tout le monde peut y arriver. Je n’ai pas beaucoup de chevaux au travail mais tous les chevaux qui me sont confiés travaillent fort et si on parle de moi dans le milieu, je pense qu’on dira que Rik Hemeryck est un grand travailleur. Lorsque je rentre du concours, le lundi, je suis de nouveau à cheval et je monte tous mes chevaux et c’est peut-être grâce à cela qu’aujourd’hui, j’arrive au haut niveau. »

L’an dernier, le départ de Challenge vd Begijnakker et, à moindre mesure, l’arrivée d’Erco van’t Roosakker ont fait coulé un peu d’encre. Comment avez-vous vécu cela ?

« Le départ de Challenge, j’étais évidemment très déçu car quand il a fait son refus à Aix-la-Chapelle, comme il évoluait à ce moment là, je me voyais aller aux championnat d’Europe et s’il y sautait bien, j’avais déjà un pied pour aller aux Jeux Olympiques. Malheureusement, il s’est arrêté là, j’ai dû faire de plus petits concours et à ce moment là, le cheval a vraiment eu un coup au moral … Le propriétaire m’a appelé après Calgary et m’a dit qu’il reprenait le cheval mais il y a une chose que j’ai voulu absolument, c’est rester en bon terme avec le propriétaire. J’ai compris son point de vue, s’il veut essayer chez un autre cavalier, on ne peut pas lui refuser, c’est quand même lui qui paie tous les mois la pension … etc. Je comprenais très bien la décision et aujourd’hui lorsque l’on se croise au concours, nous buvons une tasse de café ensemble. Il n’y a aucune histoire. J’ai été vraiment déçu après Aix la Chapelle, j’ai continué à faire des concours … puis Joris de Brabander m’a proposé de monter Erco. Je savais que c’était un très bon cheval qui était un peu trop fort pour sa fille, Karline, qui s’entraine régulièrement chez moi. Au début, j’ai eu un peu de mal avec lui puis de concours en concours, il va vraiment de mieux en mieux. Je ne veux pas du tout faire les mêmes erreurs que j’ai faites avec les autres chevaux. Cette année-ci, il va aller comme deuxième voire troisième cheval dans de grands concours et il ira faire quelques deux étoiles et lorsqu’il ira très bien dans les Grands Prix, il fera quelques trois étoiles… J’attends beaucoup, beaucoup de ce cheval … mais il faut le revoir d’ici un an ou deux. »

Un Darco, très sensible aussi. Y-a-t-il des similitudes avec Quarco ?

« Ce n’est pas du tout le même cheval car Quarco est un cheval très léger alors qu’Erco est un peu plus lourd. Quarco a un galop qui est difficile alors qu’Erco a vraiment un très bon galop. Ils ont tous les deux beaucoup de sang car même si Erco est un cheval lourd, il a beaucoup de sang. Au final, ce sont deux chevaux tout à fait différents. »

Vous collaborez actuellement avec un cavalier de dressage mais au début, avec Quarco, vous travailliez beaucoup avec Henk Nooren. Travaillez-vous encore avec lui aujourd’hui ?

« Oui. J’ai un peu ralenti cet hiver en fait mais je lui demande toujours conseil lorsque je reconnais la piste ou même au paddock et ce n’est pas parce que j’ai fait 3-4 mois un peu sans lui que je n’y retournerai pas. Lors du Saut Hermès, je lui ai d’ailleurs demandé si je pouvais y aller avec Erco et il ira ce mercredi chez lui. La seule chose, c’est qu’Henk me connaît très bien, je le connais très bien et il connaît Quarco par cœur… Il m’apportait donc un peu moins puis il ne faut pas cacher que financièrement, lorsqu’on va toutes les semaines là-bas avec un ou deux chevaux, ça vous coûte aussi de l’argent. Je fais tout moi-même, je dois donc avant tout faire tourner mon écurie. Je suis tombé sur ce cavalier de dressage qui s’investit à 100% dans son travail et comme cela fonctionne bien actuellement en concours et que les résultats suivent, je continue comme cela. »

La vie est parfois étonnante. Cette année, vous allez disputer votre première finale de Coupe du monde en ayant disputé seulement quatre Grands Prix qualificatifs alors que la saison dernière, c’était un objectif malheureusement loupé.

« Je dois dire que durant ces deux saisons hivernales, on m’a souvent donné ma chance pour participer aux manches de Coupe du monde. L’an dernier, j’avais fait Oslo, Helsinki, Londres où j’ai fait sans faute et 4 points au barrage … mais je n’avais pas eu ce brin de chance nécessaire. Quarco sautait aussi bien à cette période là mais j’ai fait des petits 4 points comme à Malines sur le dernier ! Il me manquait juste ce petit brin de réussite que j’ai peut-être aujourd’hui grâce à l’expérience. »

Comment avez-vous vécu les désistements qui vont vous permettre de participer à cette finale ?

« Philippe Guerdat m’avait dit que les Anglais n’allaient pas être nombreux et que je ne serai pas loin de la finale. Ensuite, je regardais « Studforlife » et tout d’un coup, j’ai vu que Meredith Michaels ne participait pas, puis l’un, puis l’autre … et j’avais évidemment regardé qui était juste devant moi. C’était Angelica Augustsson. Lorsque je suis arrivé à Paris, la première chose que j’ai faite, c’est de lui demander si elle avait des nouvelles pour la Coupe du monde en me disant que comme elle était juste devant moi, elle aurait plus vite des nouvelles et elle m’a répondu qu’en effet, elle avait reçu un mail en début de semaine … mais qu’elle ne faisait pas la finale.

J’ai de suite été très content. Le soir, j’ai vu Steven Roche qui m’a dit qu’il savait qu’Angelica ne montait pas et que le suivant sur la liste serait appelé en début de semaine. Je pense que de tous les travaux que j’ai fait dans ma vie de cavalier, c’est vraiment un cadeau de pouvoir faire cette finale de Coupe du monde. »

Que peut-on vous souhaiter pour cette saison et le futur ?

« La première chose, c’est que j’aimerais vraiment me concentrer à fond sur cette finale de coupe du monde. J’espère que Quarco va sauter très bien, il est en pleine forme donc ça devrait bien se passer. Mon objectif serait de faire partie de la finale. Il ne faut pas rêver non plus mais si je pouvais finir 3, 4, 5ème, ce serait déjà magnifique.

Maintenant, je vais faire épreuve par épreuve. Je sais que le premier jour, c’est une chasse et que Quarco est très rapide. Evidemment, un petit 4 points peut toujours arriver mais il peut avoir un très bon temps. On fera ensuite étape par étape, je n’ai jamais fait de finale alors je dois un peu découvrir mais c’est certain que je ne vais pas y aller pour débuter en essayant de faire un petit tour sans faute tranquilou. Je suis un cavalier compétitif, j’ai toujours été vite lors des barrages, je ne changerai pas, ensuite c’est Quarco qui nous guidera. Pour la suite, il faudra que j’en parle avec Philippe Guerdat. J’espère pouvoir participer à Rome ou Saint Gall. En principe, je ne suis pas trop sur la liste pour ces concours là… mais si Quarco va très bien, j’aimerais quand même avoir ma petite chance de le montrer. Les Jeux Olympiques, je ne les vise pas … mais avec tous les désistements qu’il y a, je veux quand même garder mon cheval bien en forme. J’espère évidemment que Vigo et Valentina resteront en grande forme d’ici là… mais pour les autres couples, cela semble assez ouvert alors j’aimerais qu’on me donne ma chance. »