Extrait de l’article paru dans le magazine Zangersheide N°3
Médaille de bronze, Rik Hemeryck : ne jamais l’oublier !
Rik Hemeryck (57 ans) est venu à Zangersheide avec un seul cheval : Navarro Van Het Eelshof, le cheval qui lui avait permis de finir à la cinquième place, il y a deux ans. Ce championnat était un objectif important et il voulait faire mieux qu’en 2022, et il semblait bien parti. Avant le premier tour de la finale, il pointait à la cinquième place. Grâce à un parcours sans faute, il est remonté à la seconde pour le quatrième et dernier tour. « C’était clair que Gilles (Thomas) n’allait pas faire de faute. Une médaille d’argent me convenait parfaitement bien, mais pas de bronze, j’en avais déjà quatre », rigolait Hemeryck avant le tour final. Cela semblait bien parti, toutes les barres sont restées sur les taquets, mais en levant les yeux vers le tableau d’affichage, il constatait la cruelle vérité : un point de temps dépassé ! 3,78 points de pénalités au total et retour sur la troisième marche ! Car Nathan Budd terminait avec un score final de 3,26 points, soufflant l’argent sous le nez de Hemeryck, ce qui lui a laissé un sentiment mitigé. « Je n’ai fait tomber qu’une seule barre pendant le championnat, le premier jour. Mais même sans cette faute, Gilles était encore plus rapide. J’espérais que Gilles et Luna feraient une barre, mais la jument saute tellement bien et le cavalier est tellement bon que j’ai dû m’avouer vaincu. Mon objectif ici était clairement la victoire. J’ai échoué et cela m’agace. Indépendamment du résultat, je suis satisfait de la prestation de Navarro. J’ai beau avoir 57 ans, je ne me sens pas plus vieux que Gilles ou Nathan. Donc, je reviendrai », a prévenu Rik Hemeryck.
Rik Hemeryck monte toujours six chevaux par jour sans forcer en se levant tous les jours à 6 heures du matin pour être le premier aux écuries, afin d’avoir un premier contact avec ses chevaux alors que tout est encore calme.
« À dix-huit ans, je montais les grands-parents de King Edward »
Hemeryck avait fréquenté tous les grands terrains de concours depuis des décennies, d’Aix-la-Chapelle à la Coupe du monde. Mais il y a quelques années, il avait songé à prendre sa retraite, car il en avait assez des concours 1* et 2*. « À 50 ans, j’ai fait le bilan de ma carrière et j’ai commencé à me demander à quoi bon participer encore à dés CSI2* ». Et puis, le destin lui a fait rencontrer Herica et Thierry Ravel il y a dix ans. Ils sont propriétaires d’une dizaine de chevaux qu’ils ont confiés à Hemeryck, dont Navarro et Inoui du Seigneur, qui lui ont permis de repartir à un niveau supérieur. Dans une précédente vie, il avait gagné avec des chevaux comme Nikita de Laubry, Challenge vd Begijnakker Z, Tekila D ou Papillon Z. Autant de chevaux qui se sont ensuite illustrés avec Ludo Philippaerts, Pieter Devos, Gregory Wathelet ou Jérôme Guery. « Ce sont tous des chevaux qui ont quitté mon écurie très tôt et qui ont connu leurs plus grands succès avec d’autres cavaliers. Je devais gagner ma vie en vendant, mais au détriment de ma carrière sportive », raconte Rik Hemeryck, fils d’un étalonnier réputé et éleveur des écuries De Lauzelle. Rik avait déjà 14 ans lorsqu’il a commencé à monter à cheval : À la maison, nous avions un poney, mais ce sont surtout mes soeurs qui montaient à cheval. Moi, je jouais au football. À l’époque, les juments étaient encore saillies en monte naturelle et j’aidais mon père. Je connaissais bien les juments et les étalons, mais je n’aimais pas monter à cheval. À l’époque, les étalonniers et le sport constituaient deux mondes bien séparés. Je n’ai jamais monté à poney, c’est avec les chevaux de mon père que j’ai vraiment commencé l’équitation. Je trouvais cela fascinant. J’ai sorti son étalon Feo de Lauzelle (Wendekreis) en concours. Nous sommes allés jusqu’à Hickstead. Avec Skippy II (Galoubet A), j’avais participé au Championnat de Belgique à Bavikhove. Avec Gotspe Z, j’ai été médaillé de bronze à ce championnat, c’était le père de Tekila D. Saviez-vous que Feo de Lauzelle est le grand-père de King Eward ? Koningin De Lauzelle, dont j’avais monté la mère, Gloria, était de son côté la mère de King Edward. Bref, j’ai monté le grand-père et la grand-mère de King Edward. J’avais dix-huit ans à l’époque ».
« Mes parents m’ont demandé ce que je voulais pour mon dix-huitième anniversaire : une voiture ou un cheval ? Évidemment, j’ai choisi le cheval et mes parents ont déboursé 10 000 euros pour me l’offrir »
Mais Rik Hemeryck n'a pas repris la station de monte et l’élevage de son père : « Je fais un peu d’élevage à l’occasion, mais pas assez pour être qualifié d’éleveur. J’ai racheté les installations de mon père, et j’avais donc à payer des mensualités à la banque. C’était il y a plus de vingt ans et, à l’époque, il n’y avait pas de ventes aux enchères de foals permettant aux éleveurs de réaliser rapidement des revenus. À l’époque, les poulains devaient être élevés jusqu’à ce qu’ils deviennent des chevaux adultes, ce qui prenait cinq ans. Et les banques ne pouvaient pas attendre cinq ans. L’élevage ne pouvait donc pas payer les mensualités. Mon père a pris sa retraite à 60 ans. J’ai gardé Skippy II pendant quelques années encore – il était étalon et il tournait bien en concours, mais j’ai arrêté de préparer les étalons. Je voulais devenir cavalier. J’ai alors travaillé pendant six mois pour Peter Charles, puis deux ans pour Albert Voorn et enfin un an pour Hans Günter Winkler. Une période d’apprentissage diversifiée et très instructive. De retour à la maison, Michel Haelterman m’a confié des chevaux, et lorsqu’il a lancé son haras de Laubry, j’ai commencé à monter pour lui. J’y ai travaillé pendant cinq ans. C’était l’époque de la fameuse Nikita de Laubry (Skippy II) ».